Portrait de jeune femme

Ignace-Louis (Luigi) VARESE (1797-1852)

1839

Huile sur toile

116 x 96 cm

Inv. MEC.2021.8.1

Né à Bastia en 1797, Ignace-Louis ou Luiggi Varese est formé aux beaux-arts en Italie à l’instar de nombreux artistes corses. Professeur de dessin au collège de sa ville natale en décembre 1828, il fonde l’année suivante une école gratuite de dessin. En mars 1838, Varese est nommé professeur au collège de Corte et reçoit une médaille d’argent de la Société libre des beaux-arts dont il est membre. Répondant à de nombreuses commandes publiques et privées, il compte à cette époque parmi les meilleurs peintres et sculpteurs insulaires.

Varese est en effet un des premiers artistes corses à composer, à travers la sculpture et la peinture, une identité culturelle insulaire donnant naissance à une iconographie fondée sur la redécouverte du passé de la Corse. Sa production s’inscrit dans la storia patria, mouvement culturel définissant une histoire nationale italienne, qui trouve en Corse un écho particulier grâce aux fuorusciti transalpins exilés dans l’île mettant en exergue le patrimoine local comme un fragment du passé d’une Italie prérisorgimentale. Varese se lie d’ailleurs d’amitié avec un de ces réfugiés : le linguiste et écrivain Niccolò Tommaseo (1802-1874). Il est également un proche de l’écrivain bastiais Salvatore Viale (1787-1861), figure emblématique de la défense de l’italianité culturelle de l’île.

En dehors de cette activité que l’on pourrait qualifier de nos jours de « militante », Varese exerça également une activité de portraitiste très en vue des élites corses. Ce portrait de jeune fille, signé et daté, a été acquis en France continentale sans possibilité de traçabilité de son origine. Il pourrait donc représenter soit une femme de la notabilité corse, soit la fille d’un fonctionnaire d’origine continentale en poste dans l’île. Le modèle, en robe de deuil, tient dans sa main un œillet symbole de mariage ou de promesse d’amour. L’absence du port d’alliance au doigt confirme cette symbolique.

Sylvain GREGORI

Cliché J.-A. Bertozzi/Musée de Bastia