La Ville de Bastia, en partenariat avec l’OPH2C, la CDC, la CAB, la Mission Locale et l’Etat, s’est engagée dans un vaste programme de renouvellement urbain dans le quartier des Cités des Lacs, des Monts et des Arbres, avec pour objectif de requalifier en profondeur les espaces publics et l’habitat.
Ce projet, qui transformera durablement le quartier, bénéficie d’une enveloppe de plusieurs millions d’euros. Un investissement stratégique pour améliorer la qualité de vie des habitants et revitaliser l’ensemble de la zone.
La réalisation de ce programme a nécessité un important travail préparatoire en amont, comprenant la réalisation d’études et de plans rigoureux.
La première phase des travaux a révélé la présence d’amiante sur certains sites. Cette découverte, inattendue et imprévisible, engendre des surcoûts importants, impactant l’ensemble du programme.
Toutefois, la Ville reste pleinement engagée à poursuivre ces travaux, avec la volonté de garantir la sécurité des habitants tout en respectant les délais et les exigences réglementaires.
En parallèle, un chantier expérimental est lancé pour le réemploi des matériaux de construction issus de la dépose, dans une démarche innovante et durable. Cette initiative permettra de réduire les déchets, tout en encourageant des pratiques écologiquement responsables dans le secteur du BTP.
Une rénovation indispensable
Le nouveau programme de renouvellement urbain
Après avoir mené un programme de renouvellement urbain dans le quartier Aurore, la Ville de Bastia a souhaité étendre les opérations de requalification au quartier des Cités des Lacs, des Monts et des Arbres, lequel, à travers un diagnostic approfondi, révèle de fortes disparités en termes de qualité de vie et d’infrastructures par rapport à d’autres quartiers de la ville.
Soulignant l’urgence d’une intervention pour répondre aux besoins des habitants et améliorer leurs conditions de vie, la Ville a déployé tous les moyens nécessaires pour réaliser avec l’OPH2C, des opérations à même de restructurer le quartier.
Un travail partenarial a donc été réalisé pour couvrir un large spectre d’interventions : habitat, espaces publics, stationnement, reprise des réseaux etc.
Grâce à cet effort commun mené avec l’OPH2C et à la levée de financements importants, le quartier doit initier sa métamorphose dans l’année.
Le travail entrepris jusqu’ici :
Depuis la signature de la convention NPRU jusqu’à fin 2023 les étapes qui se sont enchainées ont été réalisées dans des délais « normaux » de déroulement d’un programme urbain.
Réalisation d’un schéma urbain qui est annexé à la convention, suivi d’un plan guide, puis élaboration de cahiers de prescriptions architecturales urbaines et paysagères (CPAUP). Aujourd’hui, les opérations envisagées sont définies avec assez de précision pour lancer le programme dans les meilleurs délais.
Malheureusement, la découverte d’amiante au sein d’un bâtiment laisse présager, au mieux, des retards importants dans la réalisation de ce programme.
Présence d’amiante au sein de bâtiments destinés à la démolition
Le programme de renouvellement prévoit la construction de logements, mais aussi la démolition de 3 bâtiments.
Les diagnostics avant démolition réalisés fin 2023 selon la norme en vigueur (NFX 46-020 d’août 2017) ont révélé peu d’éléments contenant de l’amiante. Cette investigation «obligatoire » excluait toutefois l’analyse des bétons de structure ; or il s’est avéré que début 2024 une observation des murs bétons, suite à des décollements partiels des enduits de façade, a fait craindre la présence d’amiante. En effet, si le ciment ne contenait pas d’amiante, le béton grossier présentait des galets suspects.
Ainsi, sur conseil de la MOE Démolition, des investigations complémentaires sur ces bétons (prélèvements et analyses par un géologue) ont été lancées début 2024.Les résultats : certains galets sont en serpentinite.
L’OPH a été alerté sur cette situation et a mené des investigations similaires sur les 2 immeubles qu’il doit démolir (bat 32 et 33). Le résultat est malheureusement identique.
Une réunion a donc été organisée en février 2024 sur ce sujet mettant en évidence les problématiques qui suivent :
- Cette situation est inédite en Corse : elle ne pouvait donc être anticipée et le traitement de ces déblais pose donc question. A ce jour, aucun précédent n’a été relevé car il ne s’agit ni d’amiante bâtimentaire, ni d’amiante naturel ou d’amiante contenu dans les enrobés.
- Au-delà de son caractère inédit, la contrainte est conséquente, s’agissant de déblais (bétons contenant des galets
Cette situation oblige à :
- Prendre toutes les précautions en termes de santé publique, pour sécuriser les intervenants sur les chantiers, ainsi que les résidents,
- Trouver des solutions permettant de stocker l’amiante au sein de décharges pouvant l’accueillir, les capacités de l’île étant limitées.
- Réviser les délais liés à l’avancée des chantiers,
- Prendre toute la mesure des surcoûts engendrés par cette situation.
Sur ce dernier point, des réunions de travail sont en cours afin que des solutions sécurisées, techniques, financières et règlementaires soient trouvées.
Ainsi, compte tenu du caractère exceptionnel et imprévisible de la situation, le Préfet de Haute-Corse a saisi en mai 2024 les ministères de l’Intérieur, de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires ainsi que le ministère du Travail et de la Solidarité, et l’Agence Nationale du Renouvellement Urbain pour les alerter sur l’ampleur de la situation et ses conséquences sur un programme déjà lancé et nécessaire pour améliorer en profondeur un quartier.
Parallèlement des solutions techniques et nécessairement innovantes ou dérogatoires ont été recherchées afin de pouvoir traiter la question sous toutes ses composantes.
Une mobilisation exceptionnelle des parties prenantes comprenant les services de l’Etat, de l’ANRU, de la Ville et de l’OPH2C, a été ainsi opérée : une première séance de travail a eu lieu en septembre 2024 et a débouché sur un plan d’attaque qui va se dérouler dans les semaines et mois à venir afin de trouver des solutions opérationnelles, durables, sécurisantes pour tous et réalistes.
Malgré les obstacles, la ville poursuit son travail !
La Ville et l’OPH2C « revisitent » le calendrier du programme et recherchent d’autres chemins possibles pour procéder à sa mise en oeuvre physique au plus vite, respecter les engagements pris dans la convention NPRU et engager les crédits obtenus.
Parmi les opérations prévues au sein du programme, certaines peuvent déjà être lancées.
C’est le cas du chantier expérimental de réemploi des matériaux issus du BTP, une première en corse.
Le LAB 36A
1er chantier d’expérimentation dédié à la dépose et à la réutilisation de matériaux issus du BTP.
Dans le cadre du Nouveau Programme de Renouvellement Urbain, la démolition du bâtiment 36 A, situé rue des Tilleuls, devrait débuter avant la fin de l’année 2024.
La Ville de Bastia a souhaité saisir cette occasion pour amorcer un travail de formation et de soutient à la création de filières dédiées au réemploi de matériaux issus du BTP. Elle lance un chantier l’expérimentation, qualifiant et vertueux pour les jeunes et les entreprises de l’île.
En effet, le bâtiment composé de 10 logements constitue une réserve de matériaux et de composants pouvant bénéficier d’une seconde vie. La coopérative d’architecture Bellastock, spécialisée dans le réemploi de matériaux a aidé la Ville à identifier les éléments présentant un potentiel suffisant ainsi qu’à les quantifier. Il s’agit principalement de revêtements de sol en granito, de marches d’escalier en terrazzo, d’éléments de sanitaires et salles de bains, de portes intérieures, d’ouvrants extérieurs à démanteler et de quincailleries de portes et fenêtres.
Grâce au partenariat noué avec l’AFPA (Agence nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes), et la Mission Locale, le chantier accueillera, du 7 octobre au 22 novembre, une dizaine de stagiaires qui pourront acquérir de nouvelles compétences telles que :
- Découvrir et se sensibiliser aux gestes professionnels des métiers du BTP
- Se sensibiliser au développement durable
- Respecter les règles de sécurité sur un chantier BTP et connaitre les risques liés à l’activité physique
- Déposer les éléments de sol et de menuiserie, de quincaillerie ainsi que les mains courantes.
Outre la formation des stagiaires, l’AFPA met également à disposition un espace de stockage.
A travers ce travail partenarial engagé avec plusieurs entreprises de BTP, la Ville souhaite aussi favoriser l’essor d’une filière dédiée au traitement, au réemploi, et à la commercialisation de matériaux issus de démolition.
Pour sensibiliser le maximum de personnes la Ville a lancé deux appels à la mobilisation. D’une part pour permettre à tout volontaire d’accéder à la formation sur le chantier en se rapprochant de la Mission Locale, et d’autre part pour trouver les entreprises désireuses de récupérer les matériaux déposés.
Le « Lab’ 36 A » constitue un projet partenarial et novateur ; une expérimentation unique en Corse qui pourrait s’étendre à d’autres chantiers pour faire que la réutilisation de matériaux soit enfin une évidence.
Les partenaires
- Coopérative Bellastock : a réalisé des études permettant de définir les matériaux pouvant faire l’objet d’une dépose soignée et assurera les bonnes conditions de déroulement du chantier d’expérimentation.
- L’Office Public de l’Habitat : il met à disposition un local aménagé pour accueillir le groupe dans les meilleures conditions.
- L’AFPA Corsica : prend en charge de la formation théorique et pratique de ce nouveau module créé spécifiquement pour cette opération et encadre les stagiaires. Elle réceptionne et stocke sur son site de Borgo les matériaux déposés dans l’attente de pouvoir leur donner une seconde vie.
- La Mission Locale : elle mobilise 10 à 12 personnes qui interviennent sur le chantier pour leur permettre d’obtenir une attestation de compétences.
- La DDETSPP intervient en support technique dans le but d’identifier les différents leviers qui permettront de faire perdurer cette initiative à forte valeur ajoutée.
- L’entreprise BATISUD fournit gracieusement des barrières permettant de délimiter et sécuriser la zone de chantier.
- La Communauté d’Agglomération de Bastia
D’autres chantiers pouvant faire l’objet d’une démarche similaire prochainement, la Ville de Bastia invite toute personne ou entreprise intéressée par la démarche à se faire connaitre respectivement auprès de la Mission Locale et de la Ville de Bastia.